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temps, pluie et vent mêlés. Quand il fut l'heure de me coucher, ma mère me dit :

— N'oublie pas l'oncle Jean, dans tes prières, au moins !

— Oh! n'ayez crainte, répondis-je.

Je manquais rarement de réciter un pater tout exprès à son intention, afin qu'il pensât, de son côlé, à me rapporter quelque présent bien beau du pays où il voyageait.

Je fis donc, ce soir-là, comme de coutume, mais, sans que j'eusse su dire pourquoi, à mesure que je priais, je me sentais devenir toute triste, si triste que je finis par me mettre à pleurer. Ma mère, alors, s'approchant de mon lit, me demanda :

— Qu'est-ce que tu as donc à gémir ainsi ? Dors vite : tu vois bien que la nuit est venue.

En me parlant de la sorte, elle me désignait une petite lucarne, semblable à un hublot de navire, qui était percée dans le mur, un peu au-dessus de ma tète, et par laquelle on pouvait apercevoir, en effet, un carré de ciel sombre où des nuages passaient. J'essuyai mes larmes et feignis de fermer les yeux. Mais quand ma mère eut repris son tricot auprès de la table, je les rouvris de nouveau et rcslai à songer, dans l'obscurité. Dehors, le vent soufllail, par grandes bouffées, mais, dans les intervalles d'accalmie, on entendait le crépitement de la pluie sur les ardoises du toit. Je distinguais le bruit d'autant mieux que notre maison n'avait pas d'étage. Or, soudain, il me sembla qu'uno goutte d'eau traversait le plancher du grenier et tombait sur mes draps. Et, après celle-là,