Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se trouvait celui qui devait servir trois jours après à ensevelir mon pauvre cher homme.

Car, trois jours après, Lucas mourut. Dieu ait son âme ! Ces trois jours durant, les signes se succédèrent de façon presque ininterrompue.

Une nuit, c’était la porte qui battait avec violence, une rumeur de foule pénétrant dans la maison, des pas nombreux montant l’escalier et le redescendant. La nuit suivante, c’étaient des sonneries lointaines de cloches, une lumière[1] brûlant d’une flamme pâle au chevet du lit où nous couchions, puis des chants de prêtres qui s’en venaient par les champs de la direction du bourg.

J’en étais arrivée à ne plus pouvoir fermer l’œil.

Mais ce fut la dernière nuit qui fut la plus terrible. Mon mari, qui ne paraissait pas plus mal, m’avait dé-

  1. En Galles, une personne qui doit mourir prochainement aperçoit des fetch candles « chandelles de mort » (Rhys, Celtic folklore, p. 275). Le 31 octobre, à minuit, les femmes s’assemblent dans l’église paroissiale. D’après l’état de la flamme de la chandelle qu’elles tiennent à la main elles conjecturent leur sort à venir ; elles entendent les noms ou voient les cercueils de ceux qui mourront dans l’année (Rhys, ibid., p. 321).
        En Écosse et dans l’île de Man, les lumières sont souvent des intersignes de mort. Tantôt c’est pendant la nuit, la veille du 1er mai, une lumière qui semble sortir d’une maison et qui se dirige vers l’église (Folklore, t. VIII, p. 208). Tantôt des lumières qui apparaissent dans le cimetière avant un enterrement ou au moment d’une mort (p. 209-210), ou sur la route du cimetière (W. Gregor, Notes on the folklore of the North-East of Scotland, p. 203). Quelquefois c’est une boule de feu avec une queue comme un cerf-volant (p. 247). Un homme, sur les deux épaules duquel on aperçoit une lumière, meurt bientôt après (p. 220). Une jeune