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d’avancer avec l'intelligence humaine. Respectons la majesté des temps ; contemplons avec vénération les siècles écoulés, rendus sacrés par la mémoire et les vestiges de nos pères ; toutefois n’essayons point de rétrograder vers eux, car ils n'ont plus rien de notre nature réelle et, si nous prétendions les saisir, ils s’évanouiraient. »[1]

Pour soustraire le Breton au mirage du passé, il suffirait de l’édifier sur ce passé. S’il le connaissait, il cesserait de le considérer comme l’ère enviable. Le malheur est qu’il ne sait point sa propre histoire. Ce n’est pas faute cependant qu’elle ne crie vers lui, jusque dans les complaintes que lui ont léguées ses ancêtres et qu’il répète machinalement après eux. Je ne sais pas de protestation plus éloquente que celle qui s’élève des gwersiou. Certes, oui, nous disent-elles, le passé fut l’âge d’or. Mais pour qui ? Pour la noblesse et pour le clergé.

Noblesse et clergé : Présentement

  1. Mémoires d’Outre-Tombe (édit. Biré, I, p. 396)