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des fantaisies Individuelles toutes récentes viennent d’y substituer, — il n’est pas, dis-je, jusqu’au chant national populaire qui n’exalte le passé au détriment de la condition présente. Vous connaissez ce refrain de « Ann hini goz », si cher à nos grand’mères et dont, pour ma part, je ne puis jamais entendre les accents, sans en être délicieusement et mélancoliquement remué : « La jeune, certes, est jolie, mais c'est la vieille qui a mon amour ». La tentation est grande, pour un esprit rétrograde, d’interpréter cette ritournelle comme un symbole. On n'y a pas manqué. On a voulu y voir l’expression même de la conscience bretonne affirmant son culte des choses antiques et son horreur pour les nouveautés.

De là à prétendre que le Breton n’est pas fait pour la vie moderne, il n’y a qu'un pas. Et le certain, c’est que, de nos jours encore, il reste en proie à une sorte d’hypnotisation à distance par le passé. Il est mécontent du présent, estimant qu’aucune de ses aspirations n’y trouve à se