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aiment en elle, ce que les gens du dehors, artistes et touristes, y viennent chercher, c’est surtout le sentiment et le spectacle de l’autrefois, c’est l’exotisme dans le temps.

Et il en est des hommes comme du pays.

Leur âme est, comme leur terre, jonchée des souvenirs des époques disparues ; et, si l’on pouvait y pratiquer une sorte de coupe idéale, on y verrait, semble-t-il, superposées ou confondues, toutes les stratifications encore vivantes des civilisations abolies. Tandis qu’ailleurs il y a eu évolution, c’est-à-dire que l’ordre de choses ancien a été peu à peu éliminé par le nouvel ordre des choses, en Bretagne le passé non seulement coexiste avec le présent, mais encore continue d’exercer une action profonde sur la mentalité, sur la sensibilité, sur tout l’être physique et moral du Breton.

Il n’est pas jusqu’au chant national de la race — je parle du chant authentique, transmis par une mémoire séculaire, et non de celui que