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SAINTE-ANNE DE LA PALUDE

terre entre les mains. Tandis que je me désaltère, elle prononce d’un ton quasi joyeux :

« — Service pour service, n’est-ce pas ? Nous sommes quittes. »

Et, comme je la complimente sur son flair :

« — Je n’ai eu qu’à me souvenir du proverbe. Un marin, vous le savez, ne s’embarque pas sans eau. »

Jamais breuvage ne m’a semblé plus délicieux. Quand les pèlerins de l’équipage remettront à la voile, ce soir, ils seront probablement quelque peu surpris de trouver la bonbonne à moitié vide, mais, pour parler comme ma complice, ils n’auront que trop lampé dans l’intervalle.

Le fait est que les tentes de La Palude regorgent de buveurs. Les femmes elles-mêmes s’attablent pour déguster le champagne breton, de la limonade gazeuse saturée d’alcool. Le cirque des dunes présente l’aspect d’une foire immense, d’une de ces foires du moyen-âge où se mêlaient tous les costumes et tous les jargons. La fumée des feux