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SAINTE-ANNE DE LA PALUDE


Tymeur l’abordant lui dit avec compassion :

« — Vous avez l’air exténué, mon pauvre parrain. »

« — Oui, le fardeau que j’ai à porter est bien lourd. Y a-t-il encore loin jusqu’à la Palude ? » demanda le malheureux d’une voix triste.

« — Trois quarts de lieue environ. Nous sommes, ma femme et moi, tout disposés à vous aider, si nous pouvons quelque chose pour votre soulagement… »

« — Certes, vous pouvez beaucoup. »

« — Parlez. »

« — Ce serait de faire dire une messe à l’église de votre paroisse pour le repos d’une âme en peine, d’un anaon… En échange, » continua le trépassé — c’en était un — « je vous donnerai un avis salutaire… Si jamais vous acceptez d’accomplir un pèlerinage au nom d’un de vos amis, tenez fidèlement votre promesse de votre vivant, sinon il vous en cuira comme à moi après votre mort. Je m’étais engagé à aller à la Palude pour celui qui est ici, sous moi, dans cette châsse. Mais, la vie est courte et il y faut penser à la fois