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AU PAYS DES PARDONS

travaillaient, que nos imagiers de la bonne époque prenaient leurs modèles. Ainsi s’expliquent le réalisme naïf de la plupart des figures sorties de leurs mains, l’intensité de vie qu’elles respirent, l’empreinte ethnique dont elles sont marquées. C’est également ce qui fait que les têtes de nos saints paraissent moulées sur celles de nos paysans et qu’à voir tel chanteur nomade, debout au seuil d’une chapelle, on se demande si ce n’est point un des apôtres du porche descendu de son piédestal.

La pauvresse s’était levée à mon approche. Elle tenait un plumeau rustique, des ramilles de bouleau nouées d’un lien d’écorce, dont elle se mit à épousseter religieusement les dalles du parquet.

« — Savez-vous » lui dis-je « que sainte Anne et vous avez l’air de deux sœurs. »

« — Je suis comme elle une aïeule, » me répondit-elle, « et, comme moi. Dieu merci ! elle est Bretonne. »

« — Sainte Anne, une Bretonne ? En êtes-vous bien sûre, marraine vénérable ? »

Elle me regarda de son œil de fée, à travers