pleuré en la voyant. Ronan lui-même, pour la seule fois de sa vie, dit-on, donna des marques d’attendrissement. Il se pencha au-dessus du cadavre et, l’appelant par son nom, d’une voix très douce, il murmura :
« — Petite Soëzic, fleurette jolie, tes yeux se sont clos avant l’heure. Dieu veut que tu les rouvres et qu’ils contemplent longtemps encore le soleil béni. »
II dit. Les fraîches couleurs de l’enfance reparurent aussitôt sur le visage de la morte, et elle se leva du coffre en souriant.
La foule, transportée à la vue du miracle, trépignait d’allégresse, exaltant les vertus du saint, criant qu’il fallait lapider Kébèn. Mais Ronan :
« — J’entends » fit-il « que cette femme s’en retourne chez elle saine et sauve. »
À partir de ce jour, le solitaire vécut honoré de tous dans la contrée qui jusque-là lui avait été si marâtre. La religion qu’il professait supplanta les anciens cultes. Toutefois il ne changea rien à ses habitudes, s’abstint comme par le passé de tout