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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

Mais il en eut tout de suite assez. On ne chantait pas de chansons bretonnes à l’école de Pleumeur : il la déserta. Son père le trouva un beau matin endormi dans l’étable.

« — Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda-t-il courroucé.

« — La porte de la maison était close, quand je suis rentré, hier : je n’ai pas voulu vous réveiller. »

« — Tu as donc congé aujourd’hui ? »

« — Non. Mais, je ne resterai plus là-bas, et, si vous m’y ramenez de force, vous ne me reverrez plus. »

On usa de tout pour fléchir l’enfant. Menaces, coups, supplications, rien n’y fit.

« — Tu iras donc gagner ton pain » lui dit-on. Et on le loua à un fermier de Saint-Drien. Depuis l’aube jusqu’au crépuscule du soir, il fut censé surveiller les vaches, les taureaux et les génisses, dans les pacages illimités. En réalité, il passait le temps, assis entre deux touffes d’ajonc, à écouter un oiseau mystérieux qui s’était mis à siffler dans sa tête, ou bien à contempler de