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Je ne connaissais pas personnellement alors mon interlocuteur et savais seulement qu’à l’époque où il exerçait sa profession, il passait pour le plus habile chirurgien de son temps. Une telle indication suffit à préciser son nom.

La visite de l’illustre académicien se répéta plusieurs fois. Le résultat de nos discussions fut que, pour changer notre enseignement, il serait nécessaire de transformer d’abord l’âme des chefs de l’Université puis celle des professeurs et enfin celle des parents et des élèves. Devant cette évidence, l’éminent sénateur renonça de lui-même à son discours.


Peu de questions suscitent autant de livres, de documents et de brochures que l’éducation. Aucune ne montre mieux combien restent tenaces les idées héréditaires des peuples et par quelle impérieuse tyrannie le passé les enchaîne.

Le problème de l’éducation française donne lieu, en effet, à cette double constatation : nécessité universellement reconnue d’une réforme et impossibilité complète de la réaliser.

Législateurs, professeurs, savants, lettrés, sont unanimes à trouver notre système d’enseignement détestable et à répéter que le temps passé au lycée et à l’école primaire est un temps perdu. Personne n’ignore que l’homme désireux de réussir dans la vie doit refaire tout seul son instruction et consacrer la seconde partie de son existence à détruire les illusions, les erreurs et les modes de penser acquis dans la première.

L’accord est complet sur tous ces points et cependant, malgré les efforts journellement tentés, notre système d’éducation n’a réalisé aucun progrès depuis 50 ans. Chaque changement n’aboutit, au contraire, qu’à accentuer ses défauts.

Il est utile de mettre en évidence les causes de cette singulière impuissance. Une idée erronée se trouve nécessairement à la base de toutes les réformes si vainement essayées. Remanier des programmes n’est pas changer l’erreur psychologique qui les inspire.

Si nous modifions toujours sans succès les règlements universitaires, c’est parce que ce sont les méthodes d’enseignement et non les programmes qu’il faudrait changer. Jamais nos professeurs n’ont pu arriver à cette convic-