désordre général ayant des sources beaucoup plus profondes.
La cause principale de la désorganisation de la marine, de l’Imprimerie Nationale et de la presque totalité des entreprises de l’État, est uniquement celle indiquée plus haut.
Tout ce que dirige l’État se trouve nécessairement fonctionnarisé, c’est-à-dire que les responsabilités, disséminées entre des milliers d’agents, s’évanouissent.
Ces agents, divisés en bureaux distincts, ne possèdent nulle initiative, se jalousent férocement, et ne sont guidés par aucun intérêt commun. La cuirasse commandée par un bureau ne va pas à la coque commandée par un autre. Qu’est-ce que cela peut bien faire aux employés ? Les mêmes hommes, placés dans une entreprise particulière où la responsabilité est effective, se conduiraient tout autrement.
Les marines étrangères ont prospéré, parce qu’on y recourt de plus en plus à l’industrie privée, alors que nous étatisons progressivement la nôtre. Là surtout est le secret de leur supériorité et celui de notre décadence. Les autres nations descendraient aussi bas si elles se laissaient envahir par la religion étatiste.
Dans une très remarquable conférence publiée par la Revue politique et parlementaire, monsieur Harold-Cox, membre du Parlement anglais, montre à l’aide d’exemples et de chiffres catégoriques que, dans les rares circonstances où le gouvernement anglais voulut exploiter lui-même des industries, ce fut toujours avec de grandes pertes, alors que gérées par des particuliers elles étaient très fructueuses. Telle l’industrie des télégraphes, dirigée jusqu’en 1870 par des Compagnies privées qui servaient 6% à leurs actionnaires. Dès que l’État s’en empara, les bénéfices se changèrent en un déficit progressif atteignant maintenant 25 millions annuellement.
De semblables résultats ne sauraient surprendre. Ils sont la conséquence de lois psychologiques très sûres. Un homme privé d’initiative et surtout déchargé de responsabilité, voit aussitôt baisser sa valeur intellectuelle et productive dans d’énormes proportions. Les socialistes ont raison de ne pas vouloir le comprendre, car le jour où cette loi naturelle deviendrait évidente pour eux, il n’y