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cendre du deuxième rang au cinquième, comme l’a montré monsieur Doumer.

"Ni unité de vue, ni efforts coordonnés, ni méthode, ni responsabilité définie, négligence, désordre et confusion", est-il écrit dans le rapport général de la Commission.

Monsieur Ajam, membre de cette commission, évalue à 700.000.000 le coût du gaspillage.

Cette somme se trouverait doublée si on y ajoutait les 693.000.000 accordés en primes, d’après monsieur Caillaux de 1899 à 1909 à notre marine marchande, primes dont le résultat fut, comme je l’ai prouvé dans un précédent chapitre, de précipiter sa décadence. "Nous avons dû commettre des erreurs de principe", disait le ministre à la Chambre en reproduisant les chiffres cités plus haut et en constatant l’abaissement progressif de notre commerce maritime.

De lourdes erreurs, en effet, mais dont le ministre qui les constate paraît ignorer entièrement les causes. Il ne les soupçonne certainement pas issues du développement de l’Étatisme. L’ayant compris, ce politicien peu psychologue n’aurait pas proposé, comme il le fit, d’associer l’État à l’exploitation de nos grandes compagnies de navigation.

Les faits dévoilant le désordre et l’indifférence du personnel maritime de l’État atteignent parfois à l’invraisemblance. Monsieur Ajam cite un cuirassé chargé d’une cuirasse trop lourde. On la change, elle devient trop légère. Force est de la remplacer encore. Le bateau flotte enfin. Coût : 3.000.000.

L’accumulation de ces négligences arrive à être ruineuse, le prix de nos cuirassés est de 30% plus élevé qu’en Angleterre. Et alors que nos rivaux mettent deux ans à construire un vaisseau de guerre, nous en employons cinq. "Notre manière actuelle de construire, dit monsieur Ajam, c’est l’Étatisme dans toute son horreur et la condamnation du monopole d’État."

Des faits analogues se révèlent partout. À Toulon on constata lors des arrestations récentes de plusieurs fournisseurs de l’Arsenal, qu’en 25 ans les marchandises n’avaient pas été vérifiées une seule fois à leur entrée ! Les fournisseurs livrant ce qu’ils voulaient, encaissèrent des millions au préjudice du Trésor, sans que personne s’en soit ému.