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En ce qui concerne la race, cette étude n’est pas très compliquée, les caractéristiques fondamentales générales étant peu nombreuses. On sait déjà beaucoup des Américains des États-Unis et de leur avenir possible lorsqu’on a observé quelques-uns de leurs caractères essentiels tels que l’énergie, la confiance dans ses propres forces, l’optimisme, le besoin de justice et de liberté personnelle, l’habitude de l’initiative suppléant l’intervention du gouvernement. Alors que certains peuples ne peuvent être étudiés sans la connaissance préalable de leur gouvernement, le citoyen des États-Unis doit au contraire être observé surtout en dehors de son gouvernement. Réduit à ses seules ressources, il progresse sans aucune aide et, à lui seul, ce caractère psychologique aurait suffi pour tracer sa destinée.

Un examen analogue des tristes républiques latines de l’Amérique, impuissantes à sortir de l’anarchie où elles végètent, montrerait également un très petit nombre de caractères psychologiques fondamentaux dominant toute leur histoire. Un peuple de métis est ingouvernable.

Donc, la connaissance des grands facteurs généraux qui déterminent, ou tout au moins orientent les autres, simplifie un peu le problème de la psychologie politique.

Il est encore très difficile cependant. Les facteurs transitoires agissant à côté des facteurs permanents sont en effet si nombreux que leur complication déroute parfois toute logique. Comment déterminer leur rôle ?

En observant qu’outre les grands facteurs irréductibles dont je viens de marquer l’action, il existe pour chaque époque un petit nombre de principes directeurs canalisant les pensées et les actes dans un même sens. C’est ainsi, par exemple, que la politique du second Empire fut orientée par le principe dit des nationalités, que le socialisme actuel évolue sous l’influence d’une idée maîtresse : l’égalisation des situations sociales sous la tutelle de l’État, etc.


Il résulte de toutes ces considérations que, dans la genèse d’un événement, figurent toujours des éléments nombreux mais d’inégale importance. Le rôle de la psychologie politique consiste précisément à savoir doser cette importance, discerner le principal et éliminer l’accessoire.

L’élimination des facteurs secondaires est aussi ma-