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mais fort puissantes dès qu’elles sont associées. Les infiniment petits font surgir les continents, germer les moissons et maintiennent la vie. Les multitudes humaines font évoluer les civilisations.

Mais en montrant ce rôle de la multiplicité et de l’addition des causes dans la genèse et l’évolution des phénomènes, la science a prouvé également (démonstration capitale), que toutes ces individualités diverses : atomes physiques, cellules vivantes, unités humaines, etc., demeurent sans effet, si des forces directrices ne viennent provoquer et canaliser leurs actions.

Que les éléments considérés appartiennent au cycle physique, biologique ou social, il n’importe. Les agents directeurs sont toujours indispensables pour les orienter. Dès qu’ils cessent de subir leur influence les éléments individuels deviennent une vaine poussière. Pour les cellules d’un être organisé, l’orientation directrice c’est la vie, son arrêt c’est la mort. Pour les unités de l’être social, la loi est la même.

Dans le cycle humain (seul à considérer ici), nous voyons les forces directrices : croyances, idéal, etc. se succéder sans jamais disparaître. Elles peuvent changer de nom, mais persistent toujours. Orientation par la foi, l’épée, la science ou l’idée, il en fallut à toutes les phases de l’histoire. Priver une société de puissances directrices ou la soumettre à des forces capricieuses oscillant constamment, serait la condamner à périr.

Le rôle des gouvernants dans la conduite des peuples est tout à fait comparable à celui du savant dans le maniement des phénomènes. Comme ce dernier, l’homme d’État ne peut qu’utiliser, en les orientant sagement, des forces naturelles qu’il ne saurait créer. De même que le savant encore, il peut lutter contre elles en leur opposant des forces antagonistes.


Parmi les forces diverses dont l’homme dispose, pour lutter victorieusement contre les puissances qui l’étreignent, la volonté fut toujours la plus active. Divinité souveraine, elle fit sortir du néant avec les merveilles des sciences et des arts, tout ce qui fait l’éclat des civilisations.

En remontant la chaîne de l’histoire, et recherchant comment certains peuples acquirent leur grandeur, com-