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croient refaire avec des lois les sociétés, établir l’égalité et déposséder les détenteurs des richesses. Nous avons montré dans cet ouvrage la vanité et les dangers de ces tentatives auxquelles s’acharnent inlassablement nos législateurs.

Étudiant récemment les origines des grands progrès qui ont transformé les conditions d’existence des hommes, et fait de l’ouvrier moderne l’égal du riche d’autrefois, monsieur d’Avenel montrait, une fois de plus encore, que ces progrès ne furent jamais le résultat d’entreprises collectives, mais d’efforts individuels.

Ce que le libre jeu de ces derniers a réalisé, ni la charité chrétienne, ce socialisme facultatif d’hier, ni le socialisme moderne, cette charité obligatoire d’aujourd’hui n’auraient pu ni ne pourraient l’obtenir… les progrès futurs seront le résultat du libre effort individuel et non de la bonté collective, fût-elle érigée en système légal. La bonté sert beaucoup à l’amélioration morale de ceux qui l’exercent comme un devoir, et fort peu au soulagement de ceux qui la réclament comme un droit. Elle crée seulement de la vertu pour les uns, elle ne crée pas de richesses pour les autres. Au point de vue économique les bienfaiteurs effectifs de l’humanité ne sont pas les organisateurs de la bonté, mais les entraîneurs de travail.

Nos efforts pour changer des lois naturelles inéluctables, établir par exemple l’égalité, là où la nature impose l’inégalité, représentent d’aussi dangereuses tentatives que celles d’un chef d’usine qui voudrait violer toutes les lois de la physique et de la mécanique. La ruine lui montrerait bientôt le danger d’une telle entreprise.


Rechercher ici quelles règles morales dirigeront les sociétés de l’avenir serait bien inutile. Nous devons nous occuper surtout de celle où nous vivons et des moyens de la faire durer, en arrêtant la grandissante anarchie.

Les principes directeurs capables de guider un peuple n’ont pas besoin d’être nombreux, s’ils sont forts et universellement respectés. Le culte de Rome, idéal dominant des Romains, assura leur grandeur jusqu’au jour où il s’affaiblit dans l’âme des citoyens.

C’est précisément sur la défense de la notion de patrie, impliquant toute une organisation morale, que nos efforts doivent se concentrer. Elle est profondément sa-