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On le peut par deux méthodes différentes, l’une très simple, l’autre assez compliquée.

La méthode simple, et pour cette raison d’un usage général, consiste à supposer les phénomènes engendrés par une cause unique et de compréhension facile. Trouver des remèdes apparents à tous les maux devient alors aisé. Les ouvriers d’un pays se déclarent-ils mécontents de leur sort ? Décrétons un impôt sur le revenu qui permettra de dépouiller les riches pour enrichir les travailleurs. La population d’un pays est-elle stationnaire ? Établissons de lourdes charges sur les citoyens qui n’ont pas assez d’enfants. En auront-ils davantage ? Des économistes endurcis pourraient seuls en douter.

Ainsi raisonnent les politiciens à mentalité courte et leurs simplisme, que j’ai dû condenser un peu dans mes exemples, nous a valu de détestables lois.

Voyons maintenant quelle méthode doit suivre l’observateur qui veut utiliser les enseignements de la psychologie politique.

Un événement social quelconque résultant le plus souvent d’un grand nombre de facteurs immédiats ou lointains, la première règle est d’apprendre à les séparer, la seconde d’évaluer exactement la valeur respective de chacun d’eux.

Ainsi opère le physicien en présence d’un phénomène pouvant dériver de plusieurs causes. Sa tâche est relativement facile, parce que des expériences répétées lui permettent de vérifier ses premières déductions. Mais, pour les phénomènes politiques, l’observation seule et non l’expérience constitue l’unique guide. Certes, les expériences sociales ne manquent pas. Elles sont même innombrables, mais indépendantes de nous et de nos volontés. Ne pouvant les renouveler, nous en sommes réduits à les interpréter. On sait trop à quelles divergences conduisent ces interprétations et dans quel discrédit la sociologie est pour cette raison tombée.

Il ne devient vraiment possible de doser la valeur d’un facteur déterminé qu’en le voyant agir d’une façon semblable dans des temps divers et chez des peuples différents, alors que tous les autres facteurs sont restés invariables. C’est un peu, on le voit, une application de la méthode dite des variations concomitantes. N’étant appli-