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rité du caractère sur l’intelligence, dans la conduite de la vie, et bien d’autres vérités encore. Voici quelques extraits de sa magistrale leçon :

... Il ne nous faut jamais oublier qu’aucune acuité ou subtilité d’intelligence, aucune politesse, aucune habileté ne saurait compenser le manque des grandes qualités fondamentales de caractère. La maîtrise de soi-même, le pouvoir de se contraindre, le sens commun, la faculté d’accepter la responsabilité individuelle et cependant d’agir en union avec les autres, le courage et la résolution : voilà les qualités à quoi se reconnaît un maître peuple. Sans elles, aucun peuple ne peut se régir lui-même, ni s’éviter à lui-même d’être régi du dehors.

Devant l’intelligence, je m’incline, mais j’ajoute, que de plus d’importance encore, sont les qualités communes et les vertus de tous les jours.

... On ne saurait exagérer le funeste effet, sur aucune race, de l’adoption d’un système logique de socialisme poussé à l’extrême, on n’en pourrait sortir que destruction. Il produirait de plus grands maux et une plus grande injustice, une pire immoralité qu’aucun système actuel.

... Nous ne devons pas plus consentir à pratiquer un mensonge qu’à en dire un. Nous ne saurions déclarer que les hommes sont égaux, alors qu’en fait ils ne le sont pas, ni agir comme si nous tenions pour réelle une égalité non existante.

... Il y a eu bien des Républiques dans le passé. Elles tombèrent, et le premier facteur de leur ruine fut ce fait que les partis tendaient à se diviser selon la ligne de partage de la richesse et de la pauvreté. Peu importa quel parti réussit à dominer l’autre. Peu importa sous la règle de qui tomba la République, et que ce fût celle d’une oligarchie ou celle de la populace. Dans l’un et l’autre cas, quand la fidélité à une classe eut remplacé la fidélité à la République, la fin de la République était proche.

Ce sont là choses que depuis bien des années je n’ai cessé de répéter, mais qu’il faut constamment redire. La répétition seule peut les faire entrer dans l’esprit. Les idées s’imposent rarement par la démonstration de leur exactitude, elles s’imposent seulement, après avoir envahi ces régions profondes de l’esprit où s’élaborent les mobiles de nos actions.

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