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ger un peu contre elles.
2°/ Les fatalités réductibles.

Des que les progrès de la science permettent de dissocier leurs éléments et de les attaquer séparément, elles s’évanouissent. Les grandes épidémies, les famines, qui faisaient autrefois périr des millions d’hommes, en sont des exemples.
3°/ Les fatalités artificielles.

Créées par nous, ces dernières remplissent l’histoire. Lutter contre elles est difficile, parce qu’une cause étant constituée, ses effets ont un déroulement nécessaire. Pour les dominer, il faut savoir opposer, à la cause possédant un certain poids, une autre cause d’un poids plus lourd. C’est ainsi généralement que les grands hommes surent briser les fatalités.

L’examen sommaire du rôle de la science sur des phénomènes, considérés jadis comme d’inexorables destins, enseigne clairement de quelle façon peuvent être désagrégées et anéanties certaines fatalités.

En 1870, c’était une inéluctable fatalité, que tout sujet amputé dans un hôpital parisien succombât en quelques jours. C’était également une fatalité que les habitants de diverses contrées fussent victimes de fléaux comme le paludisme et la fièvre jaune.

Aujourd’hui, les éléments de ces fatalités étant dissociés, on a pu les anéantir. Les amputés périssaient par l’action de certains microbes. Dès que les méthodes d’aseptie permirent de supprimer cette action, les opérations jadis mortelles devinrent inoffensives.

De même pour le paludisme et la fièvre jaune. Aussitôt qu’on les sut produits par des parasites, qu’introduisaient dans les globules du sang les piqûres de certains moustiques, on entrevit le moyen de faire disparaître ces épidémies et la fatalité commença à se dissocier. Elle ne le fut entièrement que lorsque, étudiant les conditions d’existence de ces moustiques, on découvrit qu’ils se reproduisaient seulement dans les mares ou flaques d’eau. Mares et flaques d’eau desséchées, les moustiques disparurent et du même coup les épidémies. Des pays, comme la Havane, au séjour si souvent mortel, devinrent habitables sans danger. La fatalité s’était évanouie.

Même observation pour la peste, dont certaines explosions firent jadis périr jusqu’à 25 millions d’hommes. Nous