res réclamèrent à leur tour la protection de l’État, mais, cette fois, contre les maîtres de l’industrie. En leur cédant, on entra davantage dans la voie socialiste ouverte par le protectionnisme.
Pour satisfaire de croissantes exigences, l’État s’engagea dans le chemin de l’arbitraire despotique et des spoliations : retraites ouvrières obligatoirement payées par les patrons, c’est-à-dire charité forcée à leurs dépens, rachat des chemins de fer, et extension progressive des monopoles, de façon à transformer les ouvriers en fonctionnaires entretenus par l’État, etc.
Mais tout cela coûtant fort cher et l’engrenage des répercussions se déroulant fatalement, les législateurs en sont maintenant conduits à essayer de dépouiller les possédants par de lourds impôts progressifs, sans comprendre, d’ailleurs, que le petit nombre de ces privilégiés rendra dérisoires les sommes obtenues. Leur spoliation devant avoir pour conséquence ultime la ruine des grandes industries, on n’arrivera finalement ainsi qu’à l’égalité dans la misère. Ce sera le nivellement rêvé par tant d’âmes que domine la haine des supériorités.
Bien que déjà longue, notre énumération des facteurs de l’évolution socialiste ne les contient pas tous. Il faudrait rechercher encore comment les doctrines se propagent dans les multitudes, pourquoi des mots et des formules très vagues possèdent parfois tant de puissance. On se trouve alors en présence de nouveaux facteurs importants créés par la spéciale mentalité des foules.
Mais l’examen des causes de l’extension du socialisme ne serait nullement terminé par cette étude, puisqu’il sévit non seulement dans les multitudes illettrées, mais encore parmi des professeurs et des bourgeois aisés, satisfaits de leur sort.
Il devient alors nécessaire de faire intervenir d’autres facteurs psychologiques et notamment, la contagion mentale par imitation. Elle se retrouve toujours à l’aube des grandes croyances et explique leur propagation.
Si tant de facteurs agissent dans un phénomène social, il doit paraître bien difficile de doser leurs influences respectives. Le problème est ardu, en effet.
Comment le résoudre ?