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aux collectivistes sur la fortune des citoyens et quel parti les socialistes pourront en tirer le jour où, à la tête d’une majorité suffisante, il leur deviendra possible d’appliquer aux capitalistes, par un simple décret, les procédés sommaires d’expropriation déjà employés contre les congrégations.

Les doctrines collectivistes, l’esprit de persécution et la peur furent donc les générateurs de cette loi. Ainsi se retrouvent à sa base les trois grands facteurs des convictions politiques, dont nous avons étudié précédemment les effets.


Notre avenir dépend de ce que pensera, dira et fera la jeunesse que nous voyons grandir. Celle d’hier est arrivée à la vie sociale sur un entassement de ruines. Elle a contemplé l’évanouissement des croyances du passé, la désagrégation des antiques conventions sociales. Ne trouvant plus d’idéal à défendre, voyant les vieilles hiérarchies, la famille, la propriété, la patrie et l’armée battues en brèche sans relâche, elle a fini par se convaincre de l’inutilité de tout effort. Semblable persuasion devait rapidement conduire à cette usure des caractères qui fait supporter avec résignation les persécutions et les violences.

Une aussi passive attitude encouragea l’audace de révolutionnaires hardis, sans traditions ni scrupules, ne songeant qu’à l’heure présente et ne concevant d’autres sources de richesse que le pillage de fortunes péniblement acquises par autrui. Le fanatisme du mal devient vite très puissant quand le fanatisme du bien ne lui est pas opposé.

La jeunesse bourgeoise reste cependant toujours l’élite parce que la science, l’industrie, la littérature et les arts demeurent encore entre ses mains, mais une élite sans caractère n’est bientôt plus une élite.

Très raffinée aussi était l’élite romaine, à la fin de l’Empire, mais, ayant perdu toute énergie morale, elle ne sut pas résister à l’avidité de Barbares, possédant une volonté forte. Quand les classes, jadis dirigeantes, se laissent de plus en plus diriger, elles sont bien proches de leur fin.

Malgré tant d’apparences contraires, les luttes de l’avenir ne seront pas uniquement des conflits d’intérêts économiques, mais aussi des luttes de races, des luttes d’idées, ou plutôt de sentiments engendrés par ces idées.