Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/291

Cette page a été validée par deux contributeurs.

expropriation coûtera aux Compagnies. Prenons la plus importante, celle qui passe pour la plus intelligemment administrée, la Compagnie du Paris-Lyon-Méditerranée. Sa part contributive exigerait une dépense annuelle de 25 millions. En divisant ce chiffre par les 800.000 actions de la Compagnie, on voit que la charge, par action, serait de 31,25 francs.

L’actionnaire, au lieu de toucher, comme aujourd’hui, 56 francs, ne toucherait donc plus que 24,75 frs., soit beaucoup moins de la moitié de son ancien revenu annuel. Inutile de compter sur la garantie d’intérêt de l’État, puisqu’elle expire, pour cette Compagnie, en 1914.

Naturellement, les socialistes se réjouiront de la perte subie par les actionnaires, oubliant que ces derniers sont souvent d’anciens ouvriers, de petits fonctionnaires ayant mis de nombreuses années pour économiser de quoi acheter quelques titres.

Que ces actionnaires apprennent à se défendre. Qu’ils aient assez d’initiative pour provoquer, le moment venu, un mouvement d’opinion, des réunions publiques et surtout découvrir des députés assez influents pour protéger leurs petits revenus, si durement et si prochainement menacés.

Si toutes ces menaces de ruine pouvaient sortir de son apathie notre bourgeoisie, il faudrait les bénir.


Nos actes visibles sont le plus souvent la conséquence des forces invisibles qui nous mènent. Nous ne les connaissons, ordinairement, que par leurs effets. Elles inspirent cependant non seulement nos actes, mais encore les raisons imaginées après coup pour les expliquer.

Cette loi s’applique surtout aux esprits ne possédant guère que des convictions sentimentales. Les hommes politiques n’en ayant guère d’autres ne sauraient y échapper.

Les motifs donnés par eux pour justifier leur conduite diffèrent très fort, généralement, de ceux qui les ont inspirés. Ces derniers restent ignorés parce qu’élaborés dans l’obscure région de l’inconscient.

Les principes directeurs des savants d’une génération ne sont jamais bien nombreux. Ceux qui conduisent les hommes politiques d’une époque ne le sont pas davantage.

En recherchant les facteurs des actes de nos gouvernants depuis une trentaine d’années, on découvre les trois suivants, dominant tous les autres, bien qu’ils ne soient