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ment, les apparences seules frappent et non les relations cachées.

Les généralités qui précèdent montrent que la première difficulté de la psychologie politique est de découvrir les facteurs rapprochés ou lointains des événements et de ne pas attribuer à une seule cause, comme on le fait généralement, ce qui est le résultat de plusieurs.

Je ne saurais trop insister sur cette difficulté. Pour en prouver l’importance, je vais prendre un cas concret relativement assez simple, l’extension du socialisme, et par la seule énumération de quelques-uns des facteurs ayant déterminé cette extension, mettre en évidence leur complexité.


À la base du socialisme, on trouve d’abord un élément fondamental : l’Espérance. Espérance d’améliorer son sort et de se créer un avenir heureux.

Un tel facteur possède assurément une grande puissance. À lui seul, pourtant, il ne fournirait qu’une explication bien incomplète du problème, l’espoir d’améliorer sa destinée ayant constitué de tout temps un des principaux mobiles de l’activité des hommes.

Nous irons plus loin en remarquant qu’autrefois il était beaucoup moins nécessaire qu’aujourd’hui d’améliorer sa vie, puisqu’elle devait l’être dans un monde futur, sur la réalité duquel on ne gardait aucun doute, alors qu’on n’y croit guère aujourd’hui. Ce que l’homme espérait d’une autre existence n’est recherché maintenant qu’ici-bas. L’explication de l’extension du socialisme commence ainsi à se préciser davantage.

Un nouvel élément d’interprétation apparaîtra si l’on observe que le socialisme, dont la forme humanitaire s’accentue chaque jour, devient une religion remplaçant celles en voie de disparaître. La psychologie moderne enseigne que le sentiment religieux, c’est-à-dire la vénération du mystère et le besoin de se soumettre à un credo capable d’orienter nos pensées, est une tendance irréductible de l’esprit.

L’apôtre socialiste est un clérical ayant changé le nom de ses dieux. Son âme demeure saturée d’une religiosité ardente. Le journal L’Humanité du 30 novembre 1909, nous apprend que le jeune professeur à la Sorbonne qui ouvrit, récemment, la première séance de l’École socialiste,