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rêts. Les puissances morales ne se combattent pas avec des violences. C’est à l’école primaire que devraient être enseignées d’aussi rudimentaires vérités.

Quant aux lois d’expropriation des biens des congrégations, elles ne furent pas seulement maladroites, mais d’une iniquité sauvage et trahissent une incapacité prodigieuse à comprendre certaines notions d’équité. Elles ont montré aussi à quel point les lois immorales, étaient génératrices d’immoralité chez ceux qui les appliquent.

Chacun sait que l’origine de ces lois fut le projet de s’emparer du milliard, supposé appartenir aux congrégations, pour le distribuer en partie aux ouvriers sous forme de retraites afin de s’assurer leurs votes. Le seul résultat obtenu a été de s’assurer leurs haines, car le milliard s’est vite évanoui. La liquidation finale ne produira guère plus d’une dizaine de millions et l’opération sera tout à fait désastreuse, les innombrables œuvres d’assistance entretenues par les congrégations et où passaient tous leurs revenus retombant maintenant à la charge de l’État.

Les seules personnes qui aient gagné quelque chose à l’opération sont des liquidateurs et des spéculateurs. Ils y ont réalisé de brillantes fortunes et le principal auteur de cette loi, monsieur Combes, eut raison de reconnaître, dans une interview, que son exécution avait été un acte de banditisme.

Les chiffres donnés dans son rapport au Sénat par monsieur Regismanset, jettent les plus tristes lueurs sur cette sombre aventure. Certains liquidateurs se voyaient allouer par de complaisants tribunaux 100.000 francs d’honoraires sur un actif de 600.000 francs. Un autre se fait donner 10.000 francs sur un actif de 28.000 francs. À Nice, un liquidateur se fait attribuer 16.000 francs, alors que l’actif est nul, etc.

Mais ces sommes englouties par les liquidateurs et leurs protégés sont bien peu de chose, auprès des bénéfices colossaux réalisés par des industriels se portant acquéreurs, à la suite d’adjudications faites sans publicité, au moment de l’année où les acheteurs possibles étaient absents. Dans la séance du 14 décembre 1909, monsieur de Villaine a cité des faits typiques qui n’ont pu être démentis et qui d’ailleurs se sont multipliés dans d’immenses proportions.

C’est ainsi que l’Abbaye-aux-Bois a été vendue