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à construire des routes et des chemins de fer au centre de l’Afrique.


Ce qui précède nous conduit à examiner notre pénalité. La peine de mort n’en est qu’un élément d’influence toujours restreinte parce que rarement appliquée.

Le problème est autrement vaste, en effet, que celui discuté a la Chambre. La criminalité croît énormément et quelques douzaines d’exécutions annuelles ne sauraient contribuer notablement à la ralentir. L’assassinat et le meurtre resteront toujours les crimes les moins nombreux. Ce sont donc les autres qu’il faut apprendre à combattre.

Nous les réprimons actuellement de la plus misérable façon, par le seul moyen des bagnes et des prisons. Nos idees humanitaires ont transformé les premiers en véritables villégiatures et les secondes en demeures de luxe.

Un avocat général me parlait récemment des résultats produits aujourd’hui par certaines prisons modèles dont le confortable dépasse de beaucoup celui de la plupart des petits bourgeois. Électricité, chauffage central, eau chaude et froide, salle de bains, promenades dans de beaux jardins ombragés, etc. Il a vu plusieurs fois des individus commettre des délits, uniquement pour se faire enfermer pendant six mois de l’hiver dans ces asiles princiers où se rencontrent tous les luxes, sauf celui de la liberté.

Tout autre est le système de l’Angleterre, pays des peines brèves, mais énergiques, et par conséquent très efficaces sur des âmes criminelles. Dans la prison, c’est le travail forcé et l’application rigoureuse du fouet à neuf queues.

Cette méthode a vite réduit la criminalité. Monsieur Lacassagne remarque qu’on n’a connu à Londres qu’une seule bande de voyous. L’emploi du fouet et du hart labour aux membres capturés la fit disparaître en quelques semaines et depuis cette époque on n’entendit plus parler de ces bandits dont le nombre est de 30.000 à Paris.

Monsieur Lacassagne ajoute :

On sait ce que Paris devient sous l’influence du régime contraire, c’est-à-dire grâce à une excessive indulgence des magistrats et du parquet. Les neuf/dixièmes des malandrins raflés la nuit sont chaque matin remis en circulation après une paternelle admonestation. La mise en parallèle des deux systèmes : peines physiques et tolé-