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et même le civilisé lui donnent satisfaction par la chasse, qui n’a guère d’autres motifs que le besoin de tuer. Un magistrat distingué, grand chasseur lui-même, a très bien décrit cette psychologie du chasseur, qui ne se distingue souvent de celle du voyou meurtrier, que parce que leur férocité s’exerce sur des êtres différents.

Ah les remords d’un chasseur, quel douloureux chapitre ! Tuer impitoyablement, et (c’est plus atroce encore), trouver un plaisir intense, violent, magnifique à tuer, à tuer encore ces animaux de douceur, ces oiseaux charmants, ces merveilles de grâce, de beauté… et ne pas pouvoir s’en empêcher, ne pas pouvoir renoncer à verser ce sang innocent, à répandre ces injustes souffrances, quelle misère !

Comme le chasseur, le voyou trouve à tuer "un plaisir intense, violent, magnifique". Pas plus que le chasseur, "il ne peut s’empêcher de tuer". Voilà pourquoi nous devons le supprimer afin d’éviter d’être supprimé par lui.

Remarquons en passant combien se sont modifiées en quelques années les idées des médecins et des criminalistes. Il y a peu de temps encore, tous les criminels étaient des fous irresponsables qu’il fallait se borner à soigner. Aujourd’hui, on les considère encore comme des détraqués mais parfaitement responsables. Au point de vue de l’intérêt social, on réclame maintenant, à leur égard, l’application de toutes les rigueurs du Code. Se contenter de les enfermer ne servirait à rien, car au bout de peu de temps jugés guéris, ils seraient relâchés et recommenceraient aussitôt.

Je suis d’accord avec l’école nouvelle sur la nécessité de la répression, mais je voudrais qu’elle s’étendît à toutes les variétés de délinquants sans cesse récidivistes. Rappelons à ce sujet ce que j’écrivais dans la Revue Philosophique, bien avant l’éclosion des idées actuelles, dans le but de montrer que "tous les criminels sont responsables". J’arrivais alors à cette conclusion pour les criminels d’occasion, des peines corporelles énergiques. Pour les criminels d’habitude qui sont des êtres incurables dont une société doit se défaire, la déportation dans un pays lointain. C’est le traitement qu’on appliquait jadis aux lépreux considérés, eux aussi, comme dangereux et incurables. On pourrait utiliser d’ailleurs les récidivistes en les incorporant dans des compagnies de discipline employées