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un irresponsable par conséquent, supprimer la guillotine.

La peine de mort déshonore plus ceux qui l’appliquent que ceux qui la subissent.

La peine de mort n’a jamais exercé aucune action efficace sur la marche des crimes dans aucun pays.

Seul le dernier de ces arguments présente un aspect sérieux. Il a été invoqué par monsieur Briand et ce ministre s’est donné un mal énorme pour essayer de le justifier sans réussir d’ailleurs à convaincre personne et peut-être pas lui-même.

Pour prouver que la peine de mort n’a aucune influence sur la criminalité, on a cité surtout les données de la statistique. Malheureusement, ses chiffres sont aussi précis que navrants. La criminalité a augmenté dans des proportion véritablement terrifiantes : 30% pour les assassinats, et l’ensemble de la criminalité doublé en 5 ans. Voici d’ailleurs les documents fournis à la Chambre par le Président de la Commission de la réforme judiciaire :

Si nous considérons, non pas seulement les affaires jugées, mais l’ensemble des crimes commis, ce qu’on appelle la criminalité connue, voici les chiffres : 795 en 1901, 1.313 en 1905, 1.434 en 1907.

J’avais donc absolument raison, conclut monsieur Berry, en disant que la criminalité allait en croissant d’année en année depuis la suppression en fait de la peine de mort… Les assassins, assurés de ne plus subir l’expiation suprême, ne redoutent plus d’accomplir les plus grands crimes.

Devant cette recrudescence, on comprend que tous les Conseils généraux, sauf trois, aient sollicité des pouvoirs publics le maintien de la peine de mort et du pouvoir exécutif son application.

La terreur que la peine de mort inspirait autrefois aux criminels est péremptoirement démontrée, par l’orateur précédemment nommé, à l’aide des faits les plus probants : aveux des criminels ayant reculé devant le meurtre par peur de la guillotine, opinion de tous les chefs de sûreté, des avocats ayant plaidé pour les coupables, etc.

Il est évident, d’après ses déclarations, que l’assassin du marchand de bestiaux Leuthereau, ne le tua que parce qu’il savait ne pas être guillotiné et ne pas risquer grand’chose. "Les responsabilités, déclara-t-il après son crime, je les connais. J’irais en Nouvelle Calédonie ou en Guyane,