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mitée dans les dires d’un professeur d’histoire, plus apte à réunir des documents qu’à les interpréter, mais alors même que la relation précédente (d’ailleurs non démentie par les intéressés), ne serait qu’à demi exacte, elle n’en resterait pas moins fort instructive.

Chacun, du reste, peut observer journellement autour de lui des faits analogues. Regardez par exemple un simple cantonnier dans l’exercice de sa profession. Faites-vous renseigner ensuite sur le rendement actuel de son travail et comparez-le au rendement d’il y a vingt ans. Le déchet est énorme. Pourquoi d’ailleurs travaillerait-il sérieusement, ce cantonnier ? N’a-t-il pas la certitude d’être protégé contre ses chefs par son député ?


L’anarchie sociale ne se manifeste pas seulement dans les couches inférieures de la société. Elle est, comme toutes les épidémies mentales, une maladie essentiellement contagieuse. La contagion mentale conduit aujourd’hui les conservateurs eux-mêmes à s’allier aux pires anarchistes. Nous avons vu récemment l’archevêque de Paris fraterniser avec un des chefs de la C.G.T. Dans un récent congrès catholique, le droit de grève, c’est-à-dire de révolte du fonctionnaire, fut énergiquement soutenu par un prêtre. "Des prêtres, écrit le Temps, défendent et répandent les théories les plus audacieuses, les plus antisociales, les plus anarchiques !"

Le besoin d’une basse popularité ne se développe donc pas seulement chez les socialistes avancés, mais chez des conservateurs qui devraient être les plus fermes soutiens de la société.

"Ils peuvent, disait justement le journal cité plus haut, contribuer efficacement à ruiner un ordre social dont ils sont d’ailleurs parmi les principaux bénéficiaires. Quant à recueillir eux-mêmes de ces dégâts un profit politique, utopie, chimère  !"

Les syndicalistes et les révolutionnaires se serviraient peut-être d’eux mais ne leur accorderaient rien.

C’est surtout par les progrès de l’antipatriotisme que se révèle le développement de notre anarchie. Dans les discours, toujours pleins d’éloges, qu’ils adressent aux instituteurs et aux membres de l’Université, les ministres feignent de croire que le développement de l’antipatriotisme et de l’antimilitarisme (ce qu’on appelle aujourd’hui