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galités de conditions, parce que maintenues par une antique armature sociale elles semblaient d’indestructibles nécessités naturelles. Dès qu’il entendit des gouvernants, auxquels le pouvoir suprême conférait un grand prestige, son despotisme devait remplacer celui des rois, que les inégalités de fortune étaient une injustice et qu’on allait lui distribuer les biens de ses anciens maîtres, il devait fatalement adopter avec enthousiasme de telles idées et considérer comme des ennemis dignes du dernier supplice ceux qui auraient pu s’opposer à la réalisation de ses appétits. Si, de nos jours, un gouvernement s’appuyant sur l’autorité de philosophes réputés, édictait des lois autorisant le meurtre et le pillage, il compterait bientôt un grand nombre de sectateurs et serait aussi applaudi que lorsqu’il proposa de s’emparer du milliard des congrégations pour le distribuer aux ouvriers et à des amis. Certes la pratique de pareilles doctrines ne subsiste pas longtemps car on découvre vite, comme il arriva après quelques années de révolution, que l’anarchie ruine et n’enrichit pas. Et alors, toujours ainsi qu’à cette époque, la nation chercherait un dictateur énergique capable de la soustraire au désordre.


On s’illusionne souvent sur le rôle utile des gouvernements et les limites de ce rôle, parce que leur puissance, très faible pour le bien, est au contraire très grande pour le mal. Il fut toujours aisé de détruire et difficile de rebâtir. Aujourd’hui, nous n’avons pas à nous défendre seulement contre les rigides nécessités économiques de l’heure présente, mais encore contre le zèle désastreux de législateurs légiférant au hasard, comme nous le montrerons bientôt, suivant les impulsions du moment. Lois, dites sociales, qui gênent de plus en plus l’industrie et n’enrichissent personne. Lois entravant l’apprentissage au point d’avoir chassé les apprentis des usines et transformé un grand nombre d’entre eux en chômeurs, voleurs et criminels, ainsi que le prouvent les rapides progrès de la criminalité infantile. Persécutions religieuses incessantes et expropriations dont le résultat final a été de diviser la France en deux peuples ennemis. Lois douanières qui, par les représailles qu’elles provoquent continuellement, finiront par supprimer entièrement notre commerce avec l’étranger, etc. Toutes ces lois créées par une raison trop