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des cerveaux d’enfants, et que la différenciation intellectuelle entre les races ne se manifeste guère avant l’âge adulte. Alors que l’enfant européen perd, en grandissant, son cerveau d’enfant, l’homme inférieur, incapable, de par les lois de l’hérédité, de dépasser un certain niveau, s’arrête à une phase inférieure de développement et laisse en friche les matériaux fournis par l’instruction du collège. Suivez dans la vie ces blancs et ces nègres, jadis égaux à l’école, et bientôt vous apparaîtront les différences profondes qui séparent les races.

Le seul résultat définitif de l’instruction européenne, aussi bien pour le nègre que pour l’Arabe et pour l’Hindou est d’altérer, je le répète, les qualités héréditaires de leur race sans leur donner celles des Européens. Ils pourront acquérir parfois des lambeaux d’idées européennes, mais les utiliseront avec des raisonnements et des sentiments de sauvages ou de demi-civilisés. Leurs jugements flottent entre des idées contraires, des principes moraux opposés. Ballotés par tous les hasards de la vie et incapables d’en dominer aucun, ils n’ont finalement pour guide que l’impulsion du moment.

Ne nous laissons donc pas illusionner par ce faible vernis jeté provisoirement sur un indigène au moyen de notre éducation européenne. On peut la comparer à un de ces vêtements éphémères de théâtre qu’il ne faut regarder de trop près. J’ai eu des centaines de fois l’occasion de causer avec des lettrés hindous, élevés dans les écoles anglo-indiennes, ou même ayant pris leurs grades dans des universités européennes. Toujours il m’a fallu constater qu’entre leurs idées et les nôtres, leur logique et la nôtre, leurs sentiments et les nôtres, la distance restait immense.

Est-ce à dire que ces peuples demi-civilisés ou barbares n’arriveront jamais au niveau de la civilisation européenne ? Ils y atteindront un jour, sans doute, mais seulement après avoir franchi successivement (et non d’un seul coup), les nombreuses étapes qui les en séparent. Nos pères, eux aussi, ont été plongés dans la barbarie. Il leur a fallu de nombreux siècles d’efforts pour en sortir et pouvoir utiliser les trésors de la civilisation antique. On sait quelles modifications successives ils durent faire subir à ses éléments : la langue, les institutions et les arts, notamment, pour se les adapter. À leurs cerveaux de barbares, une civilisation raffinée ne pouvait pas plus convenir