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et difficiles à manier que leurs coreligionnaires algériens.[1]

Au milieu de cette population musulmane de l’Algérie en évolue une autre de 800.000 Européens dont 20% seulement est française. Les autres sont espagnole, italienne, maltaise, etc. Ces éléments européens, d’origines si diverses, ne se croisent pas avec les Musulmans, mais seulement entre eux, et le jour est proche où il résultera de ces mélanges une population nouvelle à caractères bien tranchés et dont les intérêts seront, naturellement, ceux de l’Algérie, beaucoup plus que ceux de la métropole. Elle apparaît un peu déjà, cette métropole, comme une sorte de Mécène généreux destiné à doter gratuitement le pays de chemins de fer, d’établissements publics et de subventions variées.

Quant aux Musulmans, constituant la majeure partie de la population, ils contiennent des descendants de tous les conquérants africains. Mais le fond paraît être formé principalement de deux tiers de Berbères et de un tiers environ d’Arabes. Les différences entre eux sont assez faibles. La seule présentant quelque importance est la division en sédentaires et en nomades. Nous verrons plus loin que, contrairement à une opinion très répandue, Arabes et Berbères fournissent des éléments à ces deux classes.

Le livre de monsieur Leroy-Beaulieu pourrait se résumer en un mot, traduction exacte, d’ailleurs, des idées régnantes en France sur l’Algérie :
"Franciser les musulmans."

Le système politique suivi jusqu’ici pour franciser ou conquérir moralement ces musulmans est d’ailleurs d’une

  1. Beaucoup de musulmans de l’Inde sont d’ailleurs de purs Arabes. On les rencontre surtout dans l’empire de Nizam. À Hyderabad, ils forment une population tellement fanatique et dangereuse, que le gouvernement anglais a pris le parti d’interdire absolument aux Européens de traverser les rues sans autorisation et sans escorte. C’est, du reste, un principe général, aux Indes, d’empêcher autant que possible le contact des indigènes et des Européens. Chaque cité comprend toujours deux parties souvent séparées par plusieurs kilomètres de distance, la ville indigène et la ville européenne. Cette dernière forme ce qu’on appelle le cantonnement.