et pratiquement, de lamentables erreurs.
Dans un chapitre de mon livre : Les civilisations de l’Inde, j’ai montré les principes directeurs suivis par l’Angleterre pour la conquête et l’administration de ses colonies, et notamment l’Inde. Comment cette dernière avait pu être soumise avec l’argent et les hommes du peuple conquis. Combien elle était sagement administrée, et, comment, par l’application récente d’un principe psychologique erroné, ce gigantesque empire échapperait peut-être un jour à ses vainqueurs.
Obligé d’être bref, je me bornerai, dans ce chapitre, à rechercher les idées courantes en France sur l’administration de notre colonie la plus voisine, l’Algérie, et quelles conséquences peut entraîner leur application.
Les études sur l’Algérie sont innombrables, mais deux d’entre elles, rédigées par des auteurs fort compétents, résument clairement la moyenne des opinions admises. L’une a pour auteur un savant professeur du Collège de France, monsieur Leroy-Beaulieu, l’autre, un ancien consul monsieur Vignon.
Je n’ai pas pour but, dans ce chapitre, d’examiner en détail les résultats de notre colonisation algérienne, mais seulement la valeur des idées psychologiques fondamentales qui ont dirigé et paraissent devoir diriger longtemps encore notre administration. Mes critiques porteront donc uniquement sur les principes et nullement sur les hommes qui les appliquent.
Ce sont des nécessités politiques et non des théories qui dirigent les hommes d’État. Or, les nécessités sont filles de l’opinion. C’est donc à l’opinion qu’il faut s’en prendre, non aux personnes forcées de la subir et dont aucune ne serait assez puissante pour gouverner sans elle. La changer sera fort difficile, car si le peuple français se montre le plus révolutionnaire des peuples, en apparence, il est peut-être, au fond, le plus conservateur de l’univers.
L’Algérie, contrée aussi vaste que la France, est un pays assez peu peuplé. Elle est habitée par 5.000.000 de musulmans dévoués à nos institutions, assurent les rapports officiels. Mais, en fait, ce dévouement a besoin d’être consolidé par une armée de 60.000 hommes, c’est-à-dire à peu près égale à celle qu’emploient les Anglais pour maintenir sous l’obéissance 250.000.000 d’Hindous, dont 50.000.000 de musulmans bien autrement redoutables