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des lois qui leur permettent de vivre, ils se dressent maintenant contre lui et nous avons la naïveté de les supporter.

J’ai exposé dans un précédent chapitre quelques-uns des méfaits des lois que les législateurs s’obstinent à entasser, sans en prévoir les incidences. Parmi elles, on peut mentionner encore la loi créée en 1884 par un ministre, orateur excellent mais psychologue détestable, sur les syndicats professionnels.

Les avertissements ne lui manquèrent pas. En réponse à un sénateur, craignant "qu’il ne vienne un jour où le Parlement sera dominé par une Fédération d’ouvriers obéissant à un mot d’ordre donné par un grand syndicat", il se borna à railler "ce pouvoir indicible, supérieur à celui qui a pu être exercé par toutes les dictatures, qui serait attribué à je ne sais quel conseil général des syndicats."

On lui avait pourtant signalé le danger en termes d’une psychologie très sûre : "La domination, déclarait un judicieux sénateur, sera inévitablement absolue, car il n’y a pas de milieu, ou elle n’existera pas ou elle sera absolue. Ou il n’y aura pas de Fédération de syndicats professionnels ou l’union aura une autorité sans limites, car on sait comment parmi les ouvriers l’autorité sait s’imposer et se faire obéir."

On indiqua également comme conséquences du projet, le développement de l’antimilitarisme, et de l’antipatriotisme. Rien n’y fit. L’aveuglement demeura général et la loi dont se déroulent, grandissants chaque jour, les désastreux effets fut votée.

Grâce à elle, la C.G.T. peut se maintenir impunément en guerre contre la patrie, l’armée, la société, le capital, ne cessant sa propagande antimilitariste, provoquant les pillages d’usines et les incendies.

Tous ces fanatiques vivent dans le royaume de l’illusion pure. À l’ouverture de l’École socialiste, monsieur Jean Jaurès lui-même a montré, par l’examen d’un livre récent de deux syndicalistes révolutionnaires, que ces bruyants révoltés n’arrivaient qu’à proposer le rétablissement exact de ce qu’ils auraient détruit par une révolution violente.

Un des traits qui me frappent le plus dans la révolution qu’on nous raconte, écrit monsieur Jaurès, c’est son invraisemblable facilité !