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L’éminent homme d’État R. Poincaré montrait, dans un discours récent, ces députés affolés, agitant en désordre leurs bulletins, jetant sur leurs circonscriptions muettes des regards interrogateurs, en se demandant "Vais-je plaire à mon comité ? "

Les plus farouches socialistes, interrupteurs bruyants des ministres, sont en général très modestes, très petits, devant des comités souvent composés de braillards alcooliques qui, en fait de volonté populaire, ne représentent que le leur. Appuyé sur des comités, un journal et le concours d’un nombre suffisant de ces braillards, on peut devenir un des maîtres d’un pays.

On l’a pu du moins jusqu’ici, mais les comités électoraux sont maintenant assez menacés. Ayant forcé les députés d’édicter des lois très dangereuses pour la prospérité de notre industrie, ils conduisirent les négociants à former des ligues de défense. Les Chambres de Commerce n’ont pas réussi à empêcher le ruineux rachat des Chemins de fer de l’Ouest, ordonné par les comités socialistes mais la Fédération des commerçants détaillants a fait hésiter la Chambre devant plusieurs impôts.

Quoi qu’il en soit, sous une forme ou sous une autre, groupement d’intérêts politiques ou d’intérêts professionnels, l’avenir n’est pas aux influences personnelles, mais surtout aux collectivités anonymes, guidées par des meneurs.

Les créateurs de la Confédération Générale du Travail comprirent parfaitement ces vérités élémentaires et quelques autres. Leur programme apparent fut de former un syndicat global, géré par un comité dépourvu de pouvoir visible, mais les exerçant tous, en réalité, et notamment celui d’imposer aux sociétés confédérées des ordres exécutés sans discussion.

Un premier obstacle se présentait. Pour arriver à dominer, ne fallait-il pas faire voter d’abord les ouvriers et obtenir une majorité ?

Des politiciens ordinaires auraient été arrêtés par cette difficulté. Elle n’embarrassa nullement les fondateurs de la C.G.T. Ne pouvant espérer le nombre, ils déclarèrent simplement substituer au pouvoir des majorités celui des minorités, et pour justifier une telle prétention, celle d’ailleurs de toutes les aristocraties, décidèrent hardiment, en opposition aux idées démocratiques et socia-