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les Anglo-Saxons. Les syndicats ne s’y occupent que d’intérêts économiques et ignorent les luttes de classes. Chez les peuples latins, le syndicalisme est devenu, au contraire un instrument d’anarchie ne visant que la destruction de la société. C’est ce dernier que nous étudierons maintenant.

Quelques syndicats d’ouvriers français se bornent bien comme en Angleterre ou en Allemagne, à défendre leurs intérêts et ne présentent, jusqu’à présent du moins, rien de subversif. Étant peu nombreux ils ne possèdent guère d’influence.

Tout autre est le syndicalisme révolutionnaire, représenté par la bruyante Confédération Générale du Travail. Nous avons précédemment montré son antipathie pour le collectivisme, considéré par elle, avec raison, comme une simple forme de l’Étatisme.

Cette C.G.T., à peine âgée de quelques années, prétend constituer un syndicat de syndicats. Mais, en réalité, compte très peu de syndiqués, puisque 5% à peine des ouvriers français en font partie. Il est vrai que ce n’est pas le nombre des apôtres qui fait la force d’une doctrine.

Ses débuts furent assez flottants. Elle ne commença à devenir puissante qu’après avoir eu à sa tête quelques révolutionnaires intelligents, comprenant qu’un pouvoir anonyme, hardi et possesseur d’un petit nombre de principes fixes, devait, grâce à la faiblesse gouvernementale et à l’anarchie générale, acquérir une autorité considérable.

Au double point de vue psychologique et politique, son histoire est très intéressante. Elle montre comment une poignée d’hommes résolus, peut arriver à fonder une organisation traitant d’égal à égal avec l’État, au point d’obliger le Parlement à voter d’urgence des lois impérieusement dictées.

En politique, l’autorité est précieuse, mais il suffit parfois de faire croire qu’on la possède. Le prestige des sorciers a duré mille ans, bien qu’ayant comme unique appui la foi dans la sorcellerie.

Fonder un pouvoir personnel est extrêmement compliqué. Créer un pouvoir anonyme est, au contraire, assez facile. On discute le premier, on subit le second.

En France, le pouvoir des comités anonymes est toujours respecté. Au Parlement, ils règnent en maîtres.