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gées par la dynamite et le pétrole, d’une façon plus sauvage et surtout plus systématique que Paris ne l’a été en 1871 par la Commune."

Faguet a recherché comment pourrait triompher le socialisme et il admet, ainsi que je l’avais fait moi-même, que ce sera peut-être par l’affaiblissement moral de l’armée. Nous avons déjà vu, dans les troubles du Midi, un régiment lever la crosse, et l’histoire de la Commune montre qu’en pareil cas un gouvernement peut s’effondrer instantanément.

Cet effondrement s’accomplirait plus simplement encore par des mesures législatives. Le même auteur fait remarquer "qu’il suffirait d’une décision législative comme en 1790, ou d’un coup d’État populaire pour exproprier la bourgeoisie et procéder à son égard comme elle a procédé à l’égard du clergé et de la noblesse au moment de la Révolution, et plus récemment à l’égard des congrégations possédantes et du clergé séculier."

Il semble qu’un souffle d’aliénation aveugle aujourd’hui la bourgeoisie, car elle ébranle sans trêve les plus solides colonnes de la société qui l’abrite, notamment les finances et l’armée. Elle détruit progressivement toute discipline, et vote les pires mesures financières et militaires proposées par les socialistes sans pouvoir douter cependant que le triomphe du socialisme serait, comme l’a écrit le révolutionnaire Malato, "un despotisme plus dangereux que le système monarchique, parce qu’il serait insaisissable et impersonnel."

La bourgeoisie se fait donc profondément illusion en suivant le courant qui la pousse et qu’il lui serait possible non de remonter, mais d’orienter. Elle perd conscience de sa supériorité, de sa puissance et de sa valeur, et ne comprend pas qu’une société ne saurait vivre sans discipline, sans tradition et sans hiérarchie.

Elle ignore surtout l’art de parler aux foules et ne conçoit guère le simplisme de leur âme. La seule vision politique de l’ouvrier est qu’il est exploité par le patron et que le gouvernement doit faire augmenter sa paye.

"La masse, écrit justement monsieur Bourdeau, n’a aucune idée nette, elle est toujours de l’avis de l’orateur qui pérore devant elle, qu’il soit favorable à la défense républicaine ou anticlérical, patriote ou antipatriote, politicien ou syndicaliste révolutionnaire."