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1°/ Une société peut être refaite de toutes pièces à coups de décrets par une révolution.
2°/ Le régime capitaliste étant la source de tous les maux il suffirait de le supprimer pour établir un bonheur universel.
3°/ L’État doit s’emparer de toutes les propriétés, de toutes les industries, et les faire administrer par une armée de fonctionnaires chargés de répartir également les produits entre les membres de la communauté.

De pareilles théories ne tenant compte ni des passions, ni des sentiments, ni des nécessités économiques, ni d’ailleurs de réalités d’aucune sorte, il est facile, en les prenant pour base, de bâtir sur le papier des sociétés artificielles très variées. Ce sont les paradis des âmes simples.

Ces chimériques illusions demeurent, en France du moins, très puissantes encore. Elles inspirent une absolue confiance aux cafetiers et aux commis-voyageurs de province, dont se composent tant de comités électoraux, et sont au Parlement l’origine de lois fort dangereuses. On ne nie plus que le rachat d’une importante ligne de chemins de fer ait été, comme l’impôt sur le revenu, inspiré par les doctrines collectivistes. La première de ces opérations était destinée à préparer l’accaparement de toutes les industries par l’État. L’impôt sur le revenu n’avait d’autre but que de faire le bilan de la fortune des citoyens, de façon à pouvoir plus tard les dépouiller à volonté. Les socialistes savent fort bien qu’un tel impôt ne s’établirait qu’au prix d’odieuses inquisitions destinées à susciter de redoutables ennemis au régime républicain, sans le moindre bénéfice financier pour personne. De telles évidences n’ont arrêté cependant aucun vote. Les comités électoraux socialistes ayant parlé, le Parlement a servilement obéi.

De toutes les illusions socialistes, la plus vaine peut-être est le rêve de supprimer la classe bourgeoise dont le talent, l’intelligence et les capitaux ont créé et font prospérer les industries desquelles les ouvriers vivent.

Supposons qu’un chef d’usine ayant 1.000 ouvriers et réalisant 40.000 francs de bénéfices annuels donne gratuitement son usine aux travailleurs. Grâce aux 40.000 francs abandonnés, le salaire de chacun augmenterait en apparence de 10 centimes environ par jour. Ce chiffre de 10 centimes comme bénéfice moyen réalisé sur l’ouvrier a