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toutes ses déclarations antérieures, des concessions quasi complètes."

Dans leurs journaux, les syndicalistes repoussent fièrement toute alliance avec le socialisme.

Le socialisme, écrit l’un d’eux, tend à étendre le domaine des institutions administratives. Il est un principe de lassitude et de faiblesse espérant réaliser par l’intervention extérieure du pouvoir ce que l’action personnelle ne peut atteindre. C’est le produit de nations en décadence économique, de peuples anémiés et vieillis.

Ces vérités n’étaient évidentes, il y a quelques années, que pour un petit nombre de psychologues. Il est intéressant aujourd’hui de les voir comprises par des ouvriers.

Depuis longtemps, du reste, les creuses déclamations des rhétheurs sur la dictature du prolétariat et sa substitution à la classe bourgeoise avaient été jugées à leur valeur par des socialistes éclairés.

"La dictature du prolétariat, écrivait Bernstein, cela veut dire la dictature d’orateurs de clubs et de littérateurs."

Devant les attaques répétées des syndicalistes, les socialistes s’affolent et acceptent avec résignation des théories les plus avancées, telles que l’antipatriotisme. Un journal, organe officiel de leurs doctrines, a publié en première page, un dessin allégorique représentant des ouvriers déchiquetant des drapeaux couverts des noms les plus glorieux de notre histoire.

De si basses concessions ne sauraient empêcher la désagrégation du socialisme. Il se divise maintenant en petites chapelles s’accablant d’invectives. Ce sont là querelles de moines, possédant la vérité pure, et réservant des trésors de haine pour les impies.

Les journaux doctrinaires gémissent de ces dissensions, mais ils sont bien obligés de les confesser. Le Mouvement Socialiste du 15 janvier 1908 s’exprimait ainsi :

Le socialisme s’enfonce toujours davantage dans une crise inextricable. Le glorieux mouvement qui avait, au cours du siècle passé, éveillé tant d’espérances, risque de s’acheminer à la plus triste des faillites. Voilà qu’à côté du socialisme ouvrier et révolutionnaire pullulent, comme autant de champignons vénéneux qui étoufferont sa poussée, des multitudes de socialismes étranges et imprévus. Nous avions le socialisme d’État, le socialisme municipal