et ailleurs, une nouvelle doctrine, le Syndicalisme, en voie de conquérir le monde ouvrier et de le détourner entièrement du collectivisme.
Les deux doctrines sont nettement opposées. Les syndicalistes tiennent essentiellement du reste à bien marquer cette divergence. Les collectivistes font leur possible au contraire pour la cacher, sachant parfaitement, combien ce nouveau mouvement est nuisible à leurs théories, et voyant chaque jour l’âme populaire se détourner d’eux.
Malgré les concessions les plus humbles des collectivistes, les syndicalistes ne cessent d’insister sur l’incompatibilité qui les sépare des socialistes. Ils y reviennent sans cesse dans leurs journaux et leurs congrès.
À celui d’Amiens où figurait un millier de syndicats représentés par 400 délégués, il fut proposé "de faire entrer les syndicats en rapport avec le parti socialiste. Cette proposition a été repoussée à la quasi-unanimité."
Les syndicalistes tiennent surtout à montrer le côté chimérique des doctrines collectivistes. S’adressant à un des chefs du socialisme français, un membre influent du syndicalisme s’est exprimé au Congrès de 1907 dans les termes suivants :
Vos conceptions sont utopiques parce qu’elles donnent à la force coercitive de l’État une valeur créatrice qu’elle n’a pas… Vous ne ferez pas surgir du jour au lendemain une société toute faite, vous ne donnerez pas aux ouvriers la capacité de diriger la production et l’échange, vous serez les maîtres de l’heure, vous détiendrez toute la puissance qui hier appartenait à la bourgeoisie, vous entasserez décrets sur décrets, mais vous ne ferez pas de miracle et vous ne rendrez pas du coup les ouvriers aptes à remplacer les capitalistes. En quoi, dites-moi, la possession du pouvoir par quelques hommes politiques aura-t-elle transformé la psychologie des masses, modifié les sentiments, accru les aptitudes, créé de nouvelles règles de vie ?
Ce n’est pas en France seulement, mais en Allemagne que s’est opérée la scission entre syndicalistes et collectivistes.
Au congrès de Mannheim, en 1906, le socialiste Bebel et son parti se sont trouvé en présence des syndicalistes. "Bebel, rapporte monsieur Faguet, a été obligé, pour conserver une ombre d’autorité, de leur faire, au mépris de