portions, sous l’empire d’une crainte générale. Elle règne, cette crainte, dans les secteurs électriques de Paris, où, depuis la grève des électriciens, on n’ose pas prendre la plus anodine mesure sans avoir demandé l’avis du redouté secrétaire dont l’ordre a provoqué cette grève. Dans les arsenaux où la production est réduite à ce point qu’ils consacrent, d’après la déclaration d’un ministre de la marine, cinq ans à la construction d’un cuirassé que l’Angleterre édifie en deux ans avec une dépense beaucoup moindre.
Par contagion, l’autorité s’affaisse universellement.
Convaincus de leur impuissance, les chefs se désintéressent
de la chose publique et ne songent plus qu’à leurs
intérêts personnels. De temps en temps éclate une catastrophe,
synthèse de toutes ces petites désorganisations et
indifférences partielles. Ce ne furent pas toujours des
accidents purement fortuits qui causèrent en quelques années
la disparition d’importantes unités de notre marine :
l’Iéna, le Sully, le Jean-Bart, le Chanzy, la Nive, la Liberté.
Le despotisme populaire s’ajoute du reste à beaucoup d’autres. L’autocratie jacobine des collectivistes n’est pas moins oppressive et son action s’étend chaque jour. Persécutions religieuses féroces, expropriations pratiquées sur une grande échelle à l’égard d’une classe très nombreuse, lois d’une intolérable tyrannie contre le commerce et l’industrie, etc.
Actuellement, elle prépare, sous le nom d’impôt sur
le revenu, le plus formidable engin d’oppression individuelle
que la France ait connu depuis plusieurs siècles. Tous
les économistes ont répété, et Paul Delombre en a refait
vingt fois la preuve, dans ses beaux articles, que cet impôt,
tel qu’on le propose, désorganisera entièrement nos
finances déjà si incertaines sans alléger personne. Les collectivistes
le savent d’ailleurs parfaitement et s’en réjouissent,
puisqu’ils se proposent les deux buts suivants :
1°/ Persécuter d’une façon insupportable les gens qui ne
sont pas de leur parti.
2°/ Obtenir par une inquisition fiscale de tous les instants
l’inventaire des fortunes, de façon à s’en emparer, soit
progressivement, soit en bloc, le jour où il sera possible
de le faire par une mesure légale identique à celle qui
permit d’exproprier les congrégations, sans avoir à invo-