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le silence. Il adjure les auditeurs de rester calmes, il n’obtient qu’une réponse :
-Hou ! hou ! les quinze mille !
Toute la salle est debout, soit sur les banquettes, soit sur les tables. Les interruptions opposées se croisent :
-Dehors, les mouchards !
-À la porte, les députes !
Le tapage redouble encore lorsque monsieur Dejeante veut prononcer son discours.
-Je suis un vieux syndiqué, dit-il.
-Et un "quinze mille" en même temps ! lui répond le groupe des interrupteurs.

Nouvelle bagarre. Monsieur Dejeante voulant parler quand même, les révolutionnaires entonnent l’Internationale. Monsieur Dejeante prend le parti de faire chorus avec eux. La fin de l’Internationale est accueillie par des applaudissements frénétiques.

Puis, c’est un libertaire qui vient prêcher le sabotage :
-Nous avons entendu des gens parler de révolutions et qui s’en sont fait des rentes. Messieurs les députes qui avez table bien servie, auto et le reste, vous en parlez à votre aise. Mais nous n’avons rien, nous n’aurons rien. Il ne s’agit pas de discours. Il faut des actes.


Pour des raisons très différentes, mais parfaitement justifiées, les industriels et les capitalistes, c’est-à-dire les vrais générateurs de la richesse nationale, ne professent aucune sympathie pour nos gouvernants. Non seulement ces derniers ne les ont guère protégés contre le sabotage, l’incendie et les violences de toute sorte, mais ils entravent chaque jour leurs industries par les lois sociales les plus vexatoires, en attendant de pouvoir détruire définitivement leurs fortunes par des impôts inquisitoriaux plus vexatoires encore.

On croit ne pas devoir les ménager parce qu’ainsi que le dit monsieur Pierre Baudin dans son livre La politique réaliste, "les sociétés ne sont plus représentées par l’élite". Cela n’est vrai que d’apparence. En réalité, je l’ai précédemment montré, les élites ne furent jamais aussi nécessaires qu’aujourd’hui. Loin de diminuer, leur rôle grandira encore. Sans élites, ni science, ni industrie, ni progrès matériels. Sans elles ce serait la basse décadence socialiste caractérisée par l’égalité dans la misère et la