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électeurs influents, comme l’ont prouvé récemment des rapports officiels. Qu’on y ajoute la centaine de millions abandonnés aux bouilleurs de cru, puis les centaines de millions que coûteront les retraites ouvrières votées par le Parlement, et on aura une idée du poids que peuvent faire peser sur le budget et l’industrie les surenchères de l’intérêt individuel talonné par la peur.

Bien entendu, le législateur se soucie peu des conséquences de ses lois. La plus anodine en apparence coûte cependant fort cher. Dans le Bulletin officiel de la Ville de Paris du 2 avril 1908, on peut lire le rapport d’un conseiller constatant avec amertume que pour ses services municipaux, la ville était obligée de payer à la Compagnie qui lui fournissait le charbon nécessaire aux usines des eaux, une augmentation annuelle de 600.000 francs, conséquence des nouvelles lois ouvrières.

Les municipalités auraient tort de se plaindre car elles pratiquent la surenchère tout autant que les politiciens. Un journal financier, Le Globe, montrait dans son numéro du 19 août dernier que les mesures prétendues humanitaires du conseil municipal de Paris avaient coûté aux actionnaires des diverses compagnies de tramways plus de 75 millions. Ces compagnies ayant vu disparaître tout leur capital et n’exploitant plus qu’à perte, ne distribuent naturellement aucun dividende à leurs actionnaires.

Les socialistes diront que c’est tant mieux. Ils découvriront que c’est tant pis lorsque devant la grève fatale des futurs actionnaires les municipalités se verront obligées d’assurer elles-mêmes leurs services. Ce seront alors tous les contribuables, y compris les socialistes, qui subiront les pertes. Ce jour-là, ils commenceront à comprendre la puissance des lois économiques.

Rien ne servirait de récriminer puisque la surenchère, l’humanitarisme, le libéralisme et la peur sont devenus nos guides. De tels fléaux sévissent fréquemment chez les peuples sans stabilité mentale et que menace la décadence.


On conçoit facilement maintenant les causes principales de l’impopularité du Parlement. Illusions créées par l’abus des promesses. Tentatives de réaliser ces impossibles promesses et par suite, désordre jeté dans le commerce, l’industrie et les finances. Persécutions de classes