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ayant vécu longtemps dans un état de révolution permanente, comme celui où nous semblons entrer.

Inutile d’insister sur une thèse juste, mais que n’a pas osé adopter un gouvernement dont plusieurs ministres avaient fomenté diverses grèves et pactisé souvent avec l’émeute, avant d’arriver au pouvoir.

Tenons-nous en donc uniquement aux considérations de philosophie pure, bien qu’elles soient toujours très vaines.

Les forces sociales antagonistes en présence sont-elles inconciliables ?

Elles ne le sont certes pas en théorie, leur antagonisme n’étant qu’apparent. Elles le deviennent malheureusement en pratique, parce qu’une des forces rivales dérive de sentiments sur lesquels la raison est sans prise. La haine, l’envie, la magie des mots et des formules appartiennent à la catégorie des puissances que la logique ne saurait atteindre.

Ce sont donc les esprits qu’il faudrait pouvoir modifier et non les institutions politiques. Filles de nécessités économiques, ces dernières échappent toujours à notre action.

Changer les représentations mentales erronées que la foule se fait des réalités, et calmer ses jalousies et ses fureurs, est une tâche peu facile. Nous sommes loin du jour où les politiciens comprendront qu’une société ne se reconstruit pas au gré de leurs caprices, que l’État n’est point une divinité assez puissante pour tout transformer, où ils apprendront enfin que le perfectionnement d’un peuple dépend uniquement du progrès mental des individus qui le composent.

Le syndicalisme actuel, dont la grève des postiers représente une manifestation, est dangereux, non par ses buts très chimériques, mais bien par une discipline et une énergie, auxquelles un Parlement discrédité, divisé et sans force, n’oppose qu’incohérence et faiblesse.

L’expérience du passé prouve que le monde a toujours appartenu aux audacieux, dominés par un idéal puissant, qu’elle qu’en fût la valeur. C’est avec des volontés fortes, soutenues par des convictions puissantes, que furent détruits de grands empires et fondées de grandes religions capables d’asservir les âmes.

La faiblesse philosophique des nouveaux dogmes ne saurait donc nuire à leur propagation. Les volontés disci-