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par monsieur Symian à nos collègues dames qui ont soulevé l’indignation du personnel tout entier.

Mais, comprenant bientôt que le fait d’avoir adressé à des dames des noms de volatiles, peu réputés par leur intelligence, ne suffisait pas à excuser l’arrêt de la vie d’un pays, les grévistes cherchèrent d’autres motifs. Ils ne trouvèrent à invoquer qu’un vague favoritisme, utilisé d’ailleurs par la plupart des agents, et dont le seul résultat était de faire gagner trois mois à des employés avançant automatiquement tous les trois ans.

En réalité, la grève eut de tout autres causes et la situation des postiers ne la justifiait nullement.

Cette situation était, en effet, absolument privilégiée. Considérés comme des agents électoraux précieux, ils voyaient, depuis 15 ans, toutes leurs exigences satisfaites. Mieux payés que la plupart des fonctionnaires et beaucoup plus que les meilleurs ouvriers, ils ne possèdent cependant que l’instruction primaire de ces derniers et exécutent un travail bien moins difficile.

Le commis qui a dirigé la grève touchait, avec ses indemnités, près de 6.000 francs d’appointements, et l’employé le plus mal noté est toujours sûr d’arriver à 45 ans avec les remises, à 4.400 francs, s’il travaille dans un bureau fixe, et 5.500 francs, s’il est ambulant. La retraite représente les deux tiers des appointements. Les sujets capables avancent tous les trois ans. Les moins capables sont seulement retardés de trois mois. En publiant les instructions qui règlent l’avancement, les journaux montrèrent l’indulgence de l’administration et quelles faibles notes il fallait avoir pour n’avancer qu’à l’ancienneté. Voici ce que disent ces instructions :

L’avancement par ancienneté se fera pour le personnel des services d’exécution, de direction et de surveillance se signalant par sa faiblesse de rendement, manquement de zèle, d’assiduité, d’exactitude, manque d’autorité, négligences graves ou répétées dans le service.

Alors, pourquoi la grève ?

Elle fut simplement une crise de vanité collective exaspérée chez des gens conscients de la force artificielle qu’on leur avait laissé prendre. En voici la genèse :

Les ministres et sous-secrétaires d’État qui se sont succédé depuis 10 ou 12 ans, écrivait le Temps, ont eu pour politique de conquérir à tout prix la faveur de leurs