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tellement invraisemblable que je n’aurais pas raconté cette histoire si je ne la tenais d’un témoin présent à l’entrevue et qui en sortit rouge de honte, sous l’œil dédaigneux du ministre.

Cette poltronnerie insigne des directeurs des secteurs parisiens produisit naturellement les effets qu’eût empêchés le licenciement, au moins provisoire, du personnel. La foule méprise toujours la faiblesse et respecte l’énergie. Il n’y a pas d’exemple dans l’histoire qu’elle ait été conquise par la lâcheté. Dans le cas des électriciens, le renvoi était d’autant plus facile, que toutes les machines des secteurs fonctionnent automatiquement. Les ouvriers y jouant pour la plupart le rôle de simples manœuvres peuvent, comme me l’expliquait un des ingénieurs, être remplacés par des hommes quelconques, après un apprentissage très sommaire.
Plusieurs journaux flétrirent avec une vigueur dont on doit les féliciter la très honteuse conduite des directeurs de secteurs. "Depuis que la crise sociale est ouverte, concluait le Temps, il n’y a pas eu de symptôme plus grave que cette défaillance. L’audace des révolutionnaires n’est rien. C’est la couardise des autres qui serait irréparable. Le gouvernement fait son devoir. On refuse son appui. On ne veut pas être aidé. On veut être battu."

Si le patronat refuse de se défendre et n’arrive pas à mieux s’assimiler la psychologie populaire, il méritera les déchéances dont on le menace et ses jours sont comptés.


En dehors des caractères communs à toutes les foules, la mentalité ouvrière offre des particularités spéciales dues à un petit nombre d’idées transformées en dogmes chez l’ouvrier par le mécanisme de la répétition et de la contagion.

Ces idées aussi simples qu’absurdes sont présentées par les apôtres de la C.G.T. sous les formes suivantes :

"L’ouvrier est le créateur de la richesse sociale et de cette richesse ne profite pas. Seuls au contraire les hommes qui ne la créent pas en sont bénéficiaires."

Pour remédier à cette injustice, il faut simplement détruire la société actuelle au profit de la classe ouvrière et par conséquent "fortifier des groupements aptes à accomplir l’expropriation capitaliste et capable de procéder à une réorganisation sociale sur le plan communiste."