Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

reurs de psychologie encore, un grand nombre de nos lois prétendues humanitaires. Erreur de psychologie toujours, cet utopique espoir de refaire les sociétés à coups de décrets et la croyance qu’un peuple peut se soustraire entièrement à l’influence de son passé.

Les forces qui déterminent les actions d’un peuple sont assurément complexes : forces naturelles, forces économiques, forces historiques, forces politiques, etc. Elles produisent finalement une certaine orientation de nos pensées et par conséquent de notre conduite. Ces forces si diverses se trouvent ainsi finalement transformées en forces psychologiques. C’est donc à ces dernières que toutes les autres se ramènent.


Les difficultés entre peuples sont quelquefois assez graves pour n’être résolues qu’à coups de canon. L’unique droit à invoquer alors est la loi du plus fort. Tels furent les différends de la Prusse et de l’Autriche, du Transvaal et de l’Angleterre, du Japon et de la Russie. Mais quand il s’agit de questions secondaires, les influences psychologiques habilement maniées réussissent parfois à remplacer les arguments militaires. Seul un adversaire très supérieur en puissance peut les dédaigner. Il frappera le sol de son épée comme le firent Napoléon et Bismarck et l’adversaire n’aura qu’à se taire en attendant l’heure de la revanche qui sonnera toujours.

Personne ne semble assez fort aujourd’hui pour employer ces procédés sommaires. Les enchevêtrements d’alliances ne permettent plus à aucun souverain de parler comme s’il était l’unique maître. L’aventure du Maroc a enseigné aux peuples le sort qui les attend s’ils ne savent pas solidariser leurs faiblesses pour se défendre.

C’est donc entre forces à peu près égales que s’engagent maintenant les discussions provoquées par les incidents de la vie quotidienne. Alors la psychologie reprend son rôle et l’action des diplomates peut devenir importante.

Il est indubitable cependant que cette action n’est plus aujourd’hui ce qu’elle était jadis. Instruit par le télégraphe, le téléphone, les journaux, le public discute passionnément les moindres événements politiques, pendant que les diplomates échangent lentement leurs notes obscures. Habitués autrefois à négocier dans l’ombre, il leur faut