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PREFACE

de la troisième édition

Je ne crois pas nécessaire de répondre aux critiques que cet ouvrage a suscitées en France et dans les pays où il a été traduit. Sur des questions appartenant au domaine du sentiment beaucoup plus qu’à celui de la raison, on ne convertit personne. Ce n’est pas par les livres que s’opèrent les révolutions dans les pensées[1].

N’appartenant à aucune école et ne songeant à plaire à aucune, j’ai essayé d’étudier les phénomènes sociaux comme un phénomène physique quelconque, en tâchant simplement de me tromper le moins souvent possible.

Par leur concision nécessaire, certains passages de ce livre semblent un peu dogmatiques, mais l’idée ne saurait l’être. Un des derniers chapitres est consacré à montrer qu’en de pareilles questions on ne peut connaître que des probabilités et jamais des certitudes.

Si j’ai paru sortir quelquefois de mon sujet c’est qu’il est impossible de comprendre la genèse de certains phénomènes sans étudier d’abord les circonstances qui les entourent. En matière de religion, de morale ou de politique, l’étude du texte même d’une doctrine n’a pas du tout l’importance prépondérante que l’on pourrait

  1. Tout en n’ayant nullement l’espoir de convertir aucun socialiste, je puis cependant penser que la lecture de cet ouvrage ne leur aura point été inutile. J’en juge par certains articles publiés à son sujet, notamment par celui dû à la plume du plus érudit des socialistes français, M. Georges Sorel, et dont voici un fragment "Le livre de Gustave Le Bon constitue le travail le plus complet publié en France sur le socialisme. 11 mérite d’être étudié avec le plus grand soin parce que les idées de l’auteur sont toujours originales et éminemment suggestives." (Revue Internationale de sociologie).