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lution. La guillotine vint promptement leur apprendre que dans la lutte pour la vie on ne peut renoncer à se défendre sans renoncer du même coup à vivre. Considérant avec quelle facilité les classes supérieures se laissent aujourd’hui progressivement désarmer, l’historien de l’avenir sera plein de mépris pour leur triste imprévoyance et ne plaindra pas leur sort.

La peur est encore un des mobiles qui favorisent dans la bourgeoisie la propagation du socialisme "La bourgeoisie, écrit l’auteur que je citais à l’instant, a peur. Elle tâtonne irrésolue et espère se sauver par des concessions, oubliant que c’est là la plus insensée des politiques, et que les indécisions, les transactions, le désir de contenter tout le monde, sont des défauts de caractère que, par une éternelle injustice, le monde a toujours puni cruellement, pire que si c’étaient des crimes."

Le dernier des sentiments que j’ai cités, l’indifférence, s’il ne favorise pas directement la propagation du socialisme, la facilite en empêchant de le combattre. L’indifférence sceptique, le "je m’enfichisme", suivant une expression courante, est la grande maladie de la bourgeoisie moderne. Quand on n’oppose que l’indifférence aux déclamations et aux attaques d’une minorité grandissante, poursuivant avec ardeur la réalisation d’un idéal, on peut être sûr que le triomphe de cette minorité est proche. Les pires ennemis de la société sont-ils ceux qui l’attaquent ou ceux qui ne se donnent même pas la peine de la défendre ?