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CHAPITRE IV

Les adeptes du socialisme et leur état mental

§1. Classification des adeptes du socialisme

Le socialisme comprend des théories fort diverses et en apparence fort contraires. L’armée de ses disciples n’a guère de lien commun qu’une antipathie intense pour l’ordre de choses actuel, et des aspirations vagues vers un idéal nouveau destiné à leur procurer une situation meilleure et à remplacer les anciennes croyances. Bien que tous les soldats de cette armée marchent avec ensemble vers la destruction de l’héritage du passé, ils sont animés de sentiments très variés.

Ce n’est qu’en examinant séparément leurs principaux groupes qu’il sera possible de nous faire une idée un peu plus claire de leur psychologie, et par conséquent de leur réceptivité pour les nouvelles doctrines. C’est dans les classes populaires, les classes ouvrières surtout, que le socialisme semble au premier abord devoir recruter ses plus nombreux adeptes. L’idée nouvelle se présente sous cette forme très élémentaire, et par conséquent très compréhensible : moins de travail et plus de jouissances. Au lieu du salaire incertain, de la vieillesse souvent misérable, de l’esclavage de l’usine parfois très dur, on leur promet une société régénérée, où, grâce à une répartition nouvelle des richesses par la toute-puissance de l’État, le travail sera très bien rétribué et très facile.

Devant des promesses aussi brillantes et si souvent répétées, il semblerait que les classes populaires ne puissent hésiter, alors surtout qu’ayant, de par le suffrage universel, le droit de choisir les législateurs, elles tiennent tous les pouvoirs entre leurs mains. Elles hésitent pourtant. Ce qui est le plus frappant aujourd’hui, ce n’est pas la rapidité avec laquelle se propagent les nou-