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Les propositions fondamentales du socialisme ont au moins le mérite de la plus extrême simplicité : confiscation par l’État des capitaux, des mines, des propriétés. Administration et répartition de la fortune publique par une armée immense de fonctionnaires. L’État, ou, si l’on préfère, la communauté, puisque les collectivistes n’emploient plus maintenant le mot État, fabriquerait tout sans concurrence permise. Les plus faibles traces d’initiative, de liberté individuelle, de concurrence, seraient supprimées. Le pays ne serait qu’une sorte d’immense couvent soumis à une sévère discipline maintenue par une armée de fonctionnaires. L’hérédité des biens étant abolie, aucune accumulation de fortune ne pourrait plus se produire.

Quant à l’individu, le collectivisme ne considère guère que ses besoins d’alimentation, et ne s’occupe que de les satisfaire.

Il est visible que ce régime implique une dictature absolue de l’État, ou, ce qui revient identiquement au même, de la communauté, dans la réglementation et la distribution des richesses, et une servitude non moins absolue des travailleurs. Mais cet argument ne pourrait toucher ces derniers. Ils se soucient très peu de la liberté, comme le prouve l’enthousiasme avec lequel ils ont acclamé tous les Césars quand il en a surgi. Ils se soucient très peu aussi de ce qui fait la grandeur d’une civilisation : arts, sciences, littérature, etc., lesquels disparaîtraient immédiatement d’une société pareille. Le programme collectiviste n’a donc rien qui puisse leur sembler antipathique.

En échange de la ration alimentaire, que les théoriciens du socialisme lui promettent, "l’ouvrier accomplira son travail sous la surveillance des fonctionnaires de l’État, comme autrefois les forçats au bagne sous l’oeil et la menace du garde-chiourme. Toute initiative individuelle sera étouffée, et chaque travailleur se reposera, dormira, mangera au commandement des chefs préposés à la garde, à la nourriture, au travail, aux récréations et à l’égalité parfaite de tous."

Tout stimulant étant détruit, nul ne ferait d’efforts pour améliorer sa position ou tenter d’en sortir. Ce serait l’esclavage le plus sombre, sans espoir d’affran-